Le décrochage n’est pas une problématique nouvelle du système éducatif français. En 2015, 13 % des élèves sont sortis du système scolaire sans diplôme (Depp-INSEE).
Actuellement, notre système éducatif est un système inégalitaire qui échoue à faire réussir au mieux de leur potentiel les élèves les plus à risque de décrochage.
Les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés : à compétences scolaires identiques, le risque de décrochage est plus élevé pour un élève issu d'un milieu populaire que pour celui issu d'un milieu favorisé.
- Les personnes nées pauvres ont trois fois plus de risque de sortir de l’école sans diplôme que les autres (Ratcliffe et McKernan, 2010).
- Les derniers résultats de l’étude PISA montrent que la France est l’un des pays où les différences de performances selon le niveau socio-économique sont les plus marquées (OCDE, 2019).
- En 2013 en France, la proportion d’enfants d’ouvriers était plus élevée chez les décrocheurs (48%) que chez les non-décrocheurs (31%), tandis que l’on observait une tendance inverse chez les enfants de cadres (5% parmi les décrocheurs contre 18% parmi les non-décrocheurs) (Dardier, Laïb, & Robert-Bobée, 2013).
Les élèves qui expérimentent la difficulté scolaire dans leur parcours : les difficultés scolaires des élèves sont identifiés dans la littérature scientifique comme étant les prédicteurs les plus puissants du décrochage secondaire, et ce d’autant plus qu’elles sont précoces.
- Dans le cas de la France, les plus forts prédicteurs de la sortie sans qualification du système éducatif sont le redoublement en collège (Caille, 1999) ou le niveau scolaire à l’entrée en 6e (Coudrin, 2006), et, pour la sortie sans diplôme, le redoublement en primaire (Bénabou et al., 2004), et le niveau de compétences en mathématiques et en français mesuré par des tests standardisés (Afsa, 2013).
Cependant, la fermeture des écoles suite à la crise sanitaire que nous connaissons a potentiellement accentué et accéléré le processus de décrochage chez les élèves les plus à risque. D'après l’enquête Synlab menée du 25 avril au 28 avril auprès de 1 001 enseignants, 39% des enseignants pensent que le désengagement de leurs élèves a augmenté depuis le début du confinement, se traduisant principalement par une diminution d'une communication réciproque effective entre les enseignants et les élèves ou leur famille et de la participation de l'élèves aux activités proposées par l'enseignant. Selon les enseignants, 19% de leurs élèves ne paraissent pas engagés dans leur scolarité avec le confinement. Parmi eux, 60% présenteraient un risque de décrochage.
Il existe aujourd'hui plus que jamais un fort enjeu à accompagner ces élèves et faire du système éducatif français, un système plus équitable.