"Maintenir les écoles ouvertes ne sert à rien si l’on ne se préoccupe pas du vécu de nos élèves. Lorsque les écoles avaient fermé en mars 2020, nous étions préoccupés par la peur de voir décrocher nos élèves. Le maximum était fait pour maintenir « du lien ». Aujourd’hui, sous prétexte que les écoles restent ouvertes, cette peur n’est plus à l’ordre du jour. Pourtant de nombreux élèves décrochent et sont invisibilisés par les multiples protocoles sanitaires et le nombre conséquent des absences qu’ils engendrent", écrit "l'éducateur équitable", un CPE en collège de l'éducation prioritaire. "Ils sont en train de « se détacher » physiquement et psychologiquement... L’image du radeau évoqué par Deligny est assez parlante : « Un radeau, vous savez comment c’est fait : il y a des troncs de bois reliés entre eux de manière assez lâche, si bien que lorsque s’abattent les montagnes d’eau, l’eau passe à travers les troncs écartés (…). Notre liberté relative vient de cette structure rudimentaire dont je pense que ceux qui l’ont conçue – je veux parler du radeau – ont fait du mieux qu’ils ont pu, alors qu’ils n’étaient pas en mesure de construire une embarcation (…). Vous voyez par là l’importance primordiale des liens et du mode d’attache, et de la distance même que les troncs peuvent prendre entre eux. Il faut que le lien soit suffisamment lâche et qu’il ne lâche pas »"