"Ce serait une erreur de considérer que les enseignants qui démissionnent sont plus insatisfaits que d’autres : ils ont simplement plus d’opportunités pour partir (une diversité de ressources les caractérise) et parfois, un événement déclencheur : une situation d’humiliation avec un inspecteur, la mort d’un proche qui les conduit à réinterroger le sens de ce qu’une partie d’entre eux décrivent comme une descente aux enfers ou une expérience de harcèlement moral avec un membre de l’encadrement". Sandrine Garcia (IREDU), dans Le vie des idées, fait le point sur les démissions d'enseignants en s'appuyant sur une approche ethnographique. Elle établit le lien entre la Nouvelle Gestion Publique et ces départs. " La force idéologique de la NGP est de transformer en objectifs des valeurs propres au service public et auxquelles sont socialisés ses agents, comme, dans l’Éducation Nationale, la réduction des inégalités, transformées en indicateurs qui doivent se concilier avec la réduction des dépenses publiques", écrit-elle. Elle en donne des exemples avec l'augmentation généralisée de la taille des classes qui se traduit dans le 1er degré par des classes multi niveaux, par l'exigence d'une pédagogie différenciée dans ces conditions ou l'inclusion du handicap sans moyens supplémentaires. Conclusion : " Le contexte de chômage, de précarisation de l’emploi, etc., n’autorise pas à penser comme l’expression d’un bien-être au travail le faible nombre de démissions. Ce bien-être est réel pour une partie d’entre eux, mais beaucoup d’autres luttent avant tout pour « tenir » face à la dégradation des conditions de travail."