Et si la grammaire diffusait l’amour de la langue ? C’est ce que donne à voir le bel enregistrement en ligne d’une soirée à la Bibliothèque nationale de France. Anne Abeillé, Danièle Godard, Antoine Gautier y présentent leur récente « Grande Grammaire du français ». L’ouvrage s’avère essentiel par son ampleur et son ambition : grammaire descriptive et non prescriptive, plus soucieuse des usages que des étiquetages, il éclaire la diversité et la vitalité de la langue telle qu’elle s’écrit, se parle, se réinvente aujourd’hui. Pour « répondre au sentiment d’insécurité linguistique », il s’agit de « rappeler les normes » mais aussi d’« expliquer comment les usages réguliers qui s’en écartent s’inscrivent dans le système grammatical. » Marin Fouqué et Eddy de Pretto participent à une « leçon de grammaire » en live : leurs lectures et performances ouvrent sur de passionnants échanges autour des usages actuels et créatifs de « ne », « tu », « ça », « putain », « on » … « On ne doit pas triturer la langue française, quelles que soient les causes », proclament aujourd’hui certains : « L’innovation et l’augmentation sont nécessaires pour notre langue », écrivait déjà Marie de Gournay en 1626.