Laurent Reynaud : Pour moi, cet enseignement se légitime en trois points, les mêmes qui fondent l’activité pédagogique : des connaissances, une démarche et des valeurs. D’abord, il y a les savoirs scientifiques qui permettent d’appréhender le monde et, plus modestement, notre quotidien. Ces connaissances permettent de nous désincarcérer de l’ignorance qui nous assigne à nos représentations et, parfois, à nos peurs. Ainsi, connaitre les mécanismes biologiques de la vaccination, les techniques de lecture d’un sondage ou les rétroactions climatiques contribuent à éclairer nos choix et à remanier nos convictions. Ensuite, il y a la singulière démarche scientifique qui participe à l’émancipation des individus par une méthode rigoureuse. Elle ne se contente pas d’invoquer l’esprit critique, mais elle le forme par l’instillation de réflexes comme la recherche de la démonstration, la confrontation des résultats, et la vérité comme horizon régulateur. Enfin, mais peut-être surtout, l’enseignement des sciences participe à mobiliser, et à valoriser, la curiosité, l’imagination et la créativité dans la recherche d’hypothèses et de protocoles. On ne perd rien à porter ces compétences comme des critères d’une rigueur scientifique qui permet d’ouvrir les possibles et de ne pas se borner à ce qu’on sait déjà.