De trop nombreux élèves manquent de lexique pour pouvoir comprendre les contenus scolaires, écrits et oraux. Le langage est alors un facteur d’exclusion, parfois considéré comme un ensemble de savoirs mystérieux, partagé par des initiés. C’est vrai aussi en mathématiques. Les mots pour dire les mathématiques sont forcément aussi, à divers degrés, des mots pour les penser ou pour aider à les penser. On peut conceptualiser sans mots, s’appuyer sur des images mentales de natures très variées. Mais même en pensée, les mots sont un appui lorsqu’ils caractérisent, circonscrivent, définissent. Et puis les mots entravent, lorsqu’on ne connaît pas ou mal leur sens. Les questions du langage, des langages, du langage mathématique, des mathématiques comme langage, sont toujours vives en mathématiques, et passionnantes : on peut s’intéresser à la grammaire des maths (son alphabet, sa syntaxe, sa sémantique), comme dans l’article de Sueli Cunha paru dans Au fil des maths n°541 (1). Un groupe de l’IREM de Paris (2) travaille sur l’enseignement des mathématiques dans le monde, avec des réflexions très enrichissantes sur les mots des mathématiques selon les pays. Le groupe Sign’maths (3) , lui, rassemble des enseignants et étudiants qui travaillent sur les mots des maths en langue des signes, et propose un site précieux pour les enseignants, excellent enrichissement pédagogique pour les élèves. Et ce ne sont que trois exemples qui naviguent dans maths et langage ; il en existe bien d’autres, preuve que le sujet est vaste et complexe.