Ce livre éclaire un aspect encore relativement méconnu de la mobilisation scolaire des familles populaires : leur mobilisation autour des devoirs et des enjeux d’apprentissage. S’appuyant sur les résultats d’une enquête ethnographique conduite auprès de familles appartenant aux couches sociales modestes mais encore suffisamment préservées par la précarisation de l’emploi et des conditions de vie pour s’autoriser le développement de « dispositions scolastiques », ce livre opère une plongée dans le quotidien de la préoccupation scolaire des familles et montre comment les parents transforment leur foyer en institution de sous-traitance scolaire mais aussi en institution pédagogique autonome puisqu’ils sont bien souvent prescripteurs de travail « en plus ».
L’enquête montre que ces familles – qui donnent, sur le plan social, tous les gages de conformité aux attendus de l’école – font souvent, sur le plan des savoirs, l’expérience d’une profonde désorientation, peinant à se retrouver dans les méandres opaques du curriculum scolaire contemporain. Certaines développent en outre des formes actives de résistance pédagogique. Ouvrant la « boîte noire » des pédagogies familiales, l’ouvrage analyse la manière dont les parents réinterprètent le curriculum et met en évidence l’existence de dissonances entre codes scolaires et codes familiaux.